La Fontaine de l’Ange est sise à la Rue Haute à Bienne, dans l’écrin de pierres médiévales de la vieille ville. Oeuvre de 1563 de Michel Voumard, elle évoque la victoire du Bien sur le Mal, une des préoccupations majeures qui caractérisent la Renaissance.

Le Bien et le Mal

La Fontaine de l’Ange à Bienne montre un ange, représenté sous les traits d’une jeune fille, aux prises avec le diable, un être vert dont on remarque surtout la gueule béante garnie d’un chevauchement de dents rouges et acérées. Enjeu de ce conflit : un agneau aux boucles blanches fermement enlacé par les bras de l’Ange, allégorie de l’âme humaine tourmentée par le Malin à la recherche du salut de Dieu. Détail cocasse, le diable est une diablesse, affublé de deux seins, au ventre rebondi (signe évident du péché).

Les fontaines ont tenu par le passé un rôle sanitaire et social, économique mais également éducatif. Les citoyens venaient y chercher de l’eau mais également y tisser des liens et faire du commerce. Ses thèmes pouvaient frapper les esprits tout en embellissant les cités. La Fontaine de l’Ange née en plein humanisme, servait à stimuler la réflexion sur la place de l’homme dans l’univers, son libre arbitre et la transmission des valeurs morales.

Volte-face en raison d’un arbre

La Fontaine de l’Ange est l’œuvre de l’architecte et sculpteur du Jura bernois Michel Voumard, qu’on dit, selon les sources, bourgeois de Courtelary ou habitant les environs de Bellelay. Construite en pierre, elle remplace alors un bassin en bois « la fontaine près de la halle aux viandes » pour sa proximité avec les bouchers du marché.

Dates clés :
1563 : construction
1574 : déplacement car construction de l’Auberge de la Couronne
1828 : déplacement pour faciliter la circulation ; rénovation du bassin
1868 : travaux de restauration
1881 : déplacement
1929 : pivotement des figurines de 180 degrés
1935 : travaux de restauration lors de la rénovation de la vieille ville
1958 : rénovation avant la Fête fédérale de tir
1999 : réhabilitation des couleurs originelles
Tournées d’abord vers le nord pour accueillir le visiteur qui entrait en vieille ville par la Porte de la Rue Haute, les trois figurines pivotent d’un demi-tour en 1929 en direction du sud. En effet, la porte ayant disparu au 19e siècle, cette fonction d’accueil ne se justifiait plus. Cette réorientation est aussi rendue indispensable par la croissance d’un marronnier, au nord, qui lui coupe la vue.

Retour au vert satanique

La dernière rénovation de 1999 est sans doute la plus heureuse. En passant du rouge au vert, le diable retrouve ses couleurs originelles sous les pinceaux du restaurateur de Nidau Hans-Jörg Gerber. Le vert, aujourd’hui sympathique et associé à l’écologie, était au Moyen-âge la couleur symbole de Satan. Pourquoi ? Parce que c’est une couleur ambivalente et instable chimiquement.

Cette fontaine originale à plus d’un titre – les couleurs, les postures (les jambes croisées de l’Ange), les figures (le diable féminisé) – fait partie des 72 fontaines que compte la ville bilingue. En été, on peut l’admirer et s’y désaltérer à l’ombre du marronnier qui pousse à ses côtés. Elle est l’une des curiosités de la vieille ville de Bienne.

Source: DAS Référencement Genève